Le Balluche de la Saugrenue – partie 1 : naissance et propos
Le Balluche de la Saugrenue – partie 1 : naissance et propos
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Interview Le Balluche de la Saugrenue – partie 1

Le Balluche de la Saugrenue : de la java-reggae au tango-dub

Rencontre avec Florent, accordéoniste, et Guillaume, guitariste, qui nous présentent Le Balluche de la Saugrenue avant leur concert dans un petit village de Bourgogne du Sud…

Comment est né Le Balluche de la Saugrenue?

Florent aka Flo la Bretelle: A la base du Balluche de la Saugrenue, on était quatre musiciens, le contrebassiste, un guitariste et le batteur. On avait envie de faire du musette mais on a constaté que cette musique n’était plus jouée dans le style des disques des années 1930-40. En effet, dans les bals classiques, la contrebasse a été remplacée par la basse électrique, la batterie par des sons de batterie rock. Et même le répertoire s’était réduit à peau de chagrin : c’était les compos des années 60-70, l’époque des as d’après-guerre en France.  On est donc partis de là ; on a recherché, notamment dans les disques de chez Frémeaux, les compil’ des pionniers : Murena, Viseur… On a commencé à travailler là-dessus en essayant d’avoir le son de l’époque, c’est-à-dire batterie jazz à grosse-caisse etc… On a été inspirés par un groupe, le Dénéchau Jazz Musette qui étaient dans une dynamique encore plus roots avec banjo, grosse-caisse octogonale, l’accordéon semi-diatonique… Nous, on s’est axé sur le côté swing-musette, avec la guitare manouche, les vraies lignes de basse, très mélodiques, pour retrouver le son des années 30. Après, on côtoyait une chanteuse qui aimait bien tout ce qui était opérette, on s’est dit, tiens, on pourrait peut-être intégrer une chanteuse; ce qui nous a amené à la chanson réaliste de la même époque. La constitution du groupe tel qu’il est avec contrebasse, guitare, accordéon, batterie et chant, ça s’est constitué au bout de deux ans à peu près. Côté instrumental, on reprenait du Viseur, du Murena, un peu de swing manouche. Et puis assez rapidement on a commencé à faire des compos. L’ancien bassiste écrivait des textes et qui a travaillé sur l’argot parisien. On s’est créé des personnages typiques : il y a Jean-Jean la Taxe, Hector la Gâchette… Donc on a recréé l’univers parigot un peu théâtral… Et c’est là qu’on a eu envie de faire des ponts, étant nés entre 1977 et 1982, avec nos influences rock, reggae, musiques actuelles, électro etc… On s’est posé la question de comment mixer ces trucs-là avec les sons de l’époque et on a commencé à expérimenter des javas-reggae, des tangos-dub…

Le Balluche de la Saugrenue en quelques mots

Le Balluche de la Saugrenue, c’est un bal musette atypique avec un gros côté cabaret parce qu’il y a un peu de mise en scène. Dans la chanson réaliste, c’est assez cru, c’est pour ça que ça s’appelle réaliste: c’est parce que ça parle de choses qui n’étaient pas du tout pareil dans les chansons à l’époque. Et c’est aussi l’avènement des femmes dans la chanson. Je pense à Fréhel, à ces nanas qui étaient vraiment délurées pour l’époque, qui parlent de drogues, qui boivent, de sexe etc… Ce côté gangster, du Milieu, qui transpire aussi dans Le Balluche de la Saugrenue. C’est un peu comme d’autres musiques comme le tango, à Buenos Aires, qui est né dans des clubs qui étaient tenus par des gens du Milieu. C’est ça aussi qu’on essaie de faire transparaître dans le spectacle.

Les projets à venir

Nous avions une formule avec une caravane, mais celle-ci est hors d’usage maintenant. Mais pour l’année prochaine, on recréé un nouvel objet qui sera une espèce de Nautilus, de l’époque de l’Age d’or des Inventeurs; et ceci pour un spectacle qui s’appellera le Bal à Voyager dans le Temps. On va garder les influences qu’on a maintenant mais on va piquer dans plein d’époques et de pays. Ca rejoint le côté cosmopolite qu’il y avait à Paris à ces époques, avec l’apparition du typique avec les rumbas qui sont d’ailleurs très loin des rumbas cubaines. Mais à l’époque, il y avait vraiment, à Paris, un goût pour l’exotisme : il y a eu l’Exposition Universelle en 1900. C’est ce qui a contribué à la naissance du Paso Doble par exemple, qui est l’Espagne vue par un gamin parisien des années 1920… ! C’est ce côté exotique qu’on a dans le groupe, et qu’on a dans le manouche aussi d’ailleurs, avec les boléros manouches.

Guillaume aka Hector la gâchette: on garde ce côté cosmopolite du musette d’origine, et on garde la fonction d’information du texte car c’est quand même un musique actuelle retro-futuriste, avec des thèmes d’actualités qui étaient d’actualités dans les années 1920 et qui le sont toujours, ainsi que des thème plus modernes. On continue de s’inscrire dans cette tradition. Avec une musique qui était moins fermée que maintenant, ne serait-ce que dans l’instrumentation, qui était parfois improbables : saxophoniste, harpe, vibraphone… ils prenaient ce qu’il y avait de disponibles, ou qui étaient à la mode.

Le site du Balluche de la Saugrenue
Le site du collectif de la Saugrenue

Partie 2 de l’interview du Balluche de la Saugrenue

1 comments

  • Chouette interview !
    Ca fait plaisir d’entendre un accordéoniste parler de Tony Murena, de Gus et de cette période musette authentique : le respect de la tradition tout en vivant avec son temps!

    Bravo le balluche et bravo Nico pour l’interview!

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