Interview Michel Esbelin – partie 1 : les années Péguri
Interview Michel Esbelin – partie 1 : les années Péguri
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Les frères Péguri, grandes figures du musette

Michel Esbelin, cabretaïre spécialiste des musiques traditionnelles d’Auvergne, nous dresse son histoire du musette depuis les origines.

Les origines

Du côté auvergnat, que je connais bien, les grandes figures du musette, c’était les frères Péguri, dont l’aîné, Charles Péguri ; ils étaient fils d’un fabricant d’accordéons. Ils sont passés par Marseille, comme Vincent Scotto, qui était plus jeune que le père Péguri mais c’était un peu le même parcours. Charles Péguri est né en 1879 et mort en 1930 et jouait du diatonique. Il a été le premier accordéoniste diatonique qui ait été engagé officiellement dans les bals auvergnats où c’était la cabrette l’instrument prédominant.

La cabrette

La cabrette, c’était pour le public auvergnat : les joueurs de cabrette jouaient les airs régionaux, mais aussi les danses de couple, les chansons de l’époque, qu’ils appelaient la chansonnette : ça pouvait être Frou-Frou, Viens Poupoule… des chansons que les gens avaient envie d’entendre, pour danser. Ils mêlaient les deux. Et souvent, les musiciens jouaient seuls.

Les premiers bals musette

Les soirées se déroulaient dans des petits bals, des cafés, dans lesquels il y avait quelques couples qui dansent. C’étaient pas des grands dancings. Comme disait un musicien que j’ai connu qui était né en 1904 et mort en 1992, son père jouait de la cabrette et l’avait emmené quand il avait 8-9 ans dans des bals auvergnats du côté de la Bastille. C’est la seule personne que j’ai connue qui m ‘a parlé des bals d’avant 1914. Il y avait un cabretaïre sur l’estrade qui jouait tout seul de la cabrette, et deux-trois couples qui dansaient ; c’était des cafés qui faisaient bal la fin de la semaine, le vendredi-samedi-dimanche. On n’y jouait pas tous les jours. Ils avaient leur clientèle, leurs habitués. A l’époque, la grande distraction, c’était la danse. Et le café était le lieu de sociabilité où ils se retrouvaient ; ils avaient leur café préféré où ils se retrouvaient ; ils savaient qu’à tel café il y avait tel cabretaïre.

L’Auvergne à Paris

Charles Péguri, pour en revenir à lui, avait épousé la fille d’Antoine Bouscatel qui est un des cabretaïres les plus réputés rue de Lappe, à la Bastille. Ensuite, il est parti rue de la Huchette rive gauche et est resté un moment sur la rive droite : c’était la rue des ferrailleurs, des cantalous.

L’émigration auvergnate

Tout le faubourg St Antoine était un quartier d’artisans. Il y avait pas mal de bals dans cette rue de Lappe,
avec chacun son public. C’était avant 1914, et déjà dès la fin du XVIII il y avait des bals auvergnats à Paris. Avant cela, les Auvergnats émigraient vers le Sud. Au XVIème – XVIIème, ils allaient vers l’Espagne, les pays riches de l’époque. Beaucoup allaient dans le Sud gagner leur vie pendant l’hiver, et il y en a certains
qui s’installaient. Ils gardaient leur corps de métiers : il y a une vallée dans le Cantal, par exemple, où les gens étaient boulangers, et ils allaient faire du pain en Espagne. Ils gardaient le métier entre eux : c’était l’esprit corporatif de l’Ancien Régime : afin de garder un revenu, les gens gardaient leur savoir-faire histoire de contrôler la profession, bénéficier de relations et s’appuyer sur un réseau d’entre-aide. C’était une manière de garantir et de transmettre le métier.

A consulter:

Le parcours de Michel Esbelin: http://fabrica.occitanica.eu/fr/labasa/15238

A propos d’Antoine Bouscatel « Bousca »: http://lafeuilleamta.fr/2012/11/antoine-bouscatel

Le trio de Michel Esbelin, Flor de Zinc:flor de zinc CD

http://www.myspace.com/flordezinc

https://www.facebook.com/FlorDeZinc/

Le deuxième CD de Flor de Zinc vient de sortir chez Buda Musique :
http://www.budamusique.com/product.php?id_product=741

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