Le Balluche de la Saugrenue – partie 3 : aspects techniques et musicaux
Le Balluche de la Saugrenue – partie 3 : aspects techniques et musicaux
0

Le musette: technique et aspects musicaux

Dernière partie de l’interview en compagnie de Florent et Guillaume. Au programme: recul sur les façons d’interpréter un thème musette, de jouer avec la place de la guitare et de l’accordéon dans l’orchestre, et de rendre hommage aux anciens, précurseurs du style!

L’accordéon

Florent : C’est marrant comme, autour de l’accordéon, il y a des passions vives : soit les gens détestent, soit ils adorent. Nous on prend un peu de distance avec ça. On joue avec le cliché aussi. Tu verras, au milieu du spectacle, c’est vraiment instrumental, et on joue avec ce cliché.

Les thèmes guitare – accordéon

C’est super dur de faire un thème guitare-accordéon à l’unisson. Il ne suffit pas d’avoir le même time ; il y a vraiment une histoire de liaison, de mode, de phrasé…
Guillaume : Quand ça marche, c’est vraiment bien, mais c’est pas évident. Il faut parfois simplifier.
Florent : C’est pas ce qu’il y a de plus intéressant de faire des thèmes à deux. Ou alors à deux voies, pourquoi pas. Je préfère la complémentarité entre les instruments : les contrechants par exemple.

Les enregistrements

Florent : En enregistrement, on entend beaucoup des sax-basses faire les basses, dans les vieux trucs. En fait, la contrebasse, c’était trop compliqué à enregistrer. C’était pas assez timbré. Les micros n’étaient pas très performants aussi. C’était donc les sax-basses qui jouaient 5 mètres derrière les autres. On en trouve dans les compil’ Frémeaux : Paris 1920-1940. Ils l’ont fait sur Paris Musette aussi, dans les années 90.

L’accompagnement avec les basses

Guillaume : C’est quelque chose qui reste très mystérieux pour moi ! Un des exemples, pour moi, c’est Boulou, quand il joue Montagne Ste Geneviève dans l’atelier de Favino. Son jeu de basse est fantastique. Ca se rapproche de ce que faisait Matelo je crois.

Florent : Ca me rappelle quelque chose : en réécoutant Viseur, il ne jouait pas sa main gauche en accompagnement parce qu’il y avait contrebasse, guitare, batterie… mais par contre il ponctuait. Quand tu prends par exemple Flambée Montalbanaise, tu entends des réponses main gauche. Alors, est-ce que ça, ça a été repris par les guitaristes ? En tout cas, ça faisait partie du morceau, parce que même sur les partitions, qui ont été écrite par quelqu’un d’autre d’ailleurs, ces contrechants main gauche sont écrits. Par la suite, c’est la guitare qui a repris ce rôle là de remplir et d’arriver sur une note basse qui n’est pas souvent la fondamentale d’ailleurs.
Guillaume : C’est ce que faisait Django d’ailleurs, quand il était au banjo six-cordes. Ou Baro, qui faisait des choses étonnantes ! Et, encore une fois, quand on rejoue ça, on se sent encore libre de changer l’harmonie.

Florent : Quand on voit une valse comme Panique, ses lignes de basses sont hallucinantes. Il y a quelques accords avec des fondamentales, mais sinon, ça chante en-dessous autant qu’au-dessus. On entend des trucs très étonnants, comme avoir des septièmes à la basse. Comme dans le classique. Comme quoi ces mecs avaient un langage étendu. Qu’on ne retrouve pas en jazz par exemple.
Guillaume : en effet, en jazz, on part pas du même matériau : on va partir d’une grille. C’est le contraste entre la tradition orale et la tradition écrite.

Florent : C’est vrai que parfois, on se retrouve avec des grilles noires d’annotations, de renversements… Alors, qu’en jazz, c’est plus simple la plupart du temps. Quand tu prends la tête à relever les bonnes basses, ça occupe !

Flambée Montalbanaise : si mineur ou do mineur ?

Florent : Je la joue en do mineur. Je l’ai toujours apprise comme ça. Mais je sais que ce n’est pas la tonalité d’origine, qui est si mineur. Je pense que c’est une question de retranscription. A cette époque, la partition était un marché. Pour que les gens apprennent à jouer, on apprenait les tonalités « simples ». Même si en si mineur, à l’accordéon, c’est vachement plus simple en fait !

Gus Viseur

Florent : C’est le Django de l’accordéon. C’est un ovni, pour l ‘époque. Il ne jouait jamais un thème pareil. Il avait un canevas, comme certains thèmes de Django. Pour la transcription, c’était l’enfer ! Des thèmes comme Douce Joie, qui expose thème et variation, ce qui est original comme forme : c’est le même canevas mais tu vois tout ce qu’il arrive à broder autour, sans que tu ne t’ennuies jamais, c’est fantastique ! Et quand tu retranscris, tu trouves des choses… c’est formidable !

Le site du Balluche de la Saugrenue

0 comments

No comments yet

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *