Interview Christophe Astolfi – partie 2: techniques de guitare musette
Interview Christophe Astolfi – partie 2: techniques de guitare musette
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Deuxième partie de l’interview accordée par Christophe Astolfi

Christophe nous parle de l’accompagnement et de la place de la guitare dans l’orchestration musette. Amis guitaristes, cette partie est pour vous !

D’un point de vue technique, qu’est-ce qui différencie la période des débuts du musette de celle du swing-musette ?

Concernant l’accompagnement, il y a plusieurs choses : au départ, il y avait le banjo ; quand il y a eu des guitaristes, au début des années 30 avec Gus Viseur et la famille Reinhardt ou Ferret, ils accompagnaient encore très sec : il y a des mouvements de basse, des cordes à vide. Ma méthode est faite sur ce modèle-là.

Quand tu écoutes Gus Viseur dans les années 60-70, ils accompagnaient pareil mais plus doux : il ont des guitares électriques, ils jouent moins fort. Quand tu passes à la guitare électrique, tu dois changer tes attaques, l’intention ; tu ne peux pas jouer autant de cordes à vide.

Concrètement, en ce qui me concerne, quand je joue des valses avec des accompagnateurs, je leur demande d’accompagner différemment selon le type de valse et comment je veux la faire sonner. Souvent, je leur demande d’accompagner les trois temps égaux ; ce que faisait Baro Ferret, plus proche du jazz. Ca lisse le tempo, ça fait perdre un peu la sensation de valse, et qui du coup donne plus de liberté dans l’interprétation.

L’accompagnement de base, traditionnel, te pousse à jouer staccato, plus rentre-dedans. Et quand tu as des phrases plus virtuoses, que tu veux jouer plus vite, il faut vraiment être très à l’aise. Sinon, ça tire et tu t’épuises. Freddy Green jouait comme ça, les temps égaux. Tout cela dépend de l’esthétique que tu veux donner ; certains thèmes fonctionnent très bien avec l’autre manière.

Autre chose, j’aime jouer certains thèmes à la guitare électrique ; parce qu’il y a des techniques comme le sweeping qui marchent mieux à l’électrique. Sur une acoustique, par exemple, les notes ne durent pas.

Finalement, ce qui différencie les deux époques, c’est pas tant la technique que l’intention : comment tu veux faire sonner le morceau.

La place du guitariste dans l’orchestre

Souvent les mecs faisaient appel à un batteur et un bassiste. Le tapis rythmique était là. Il n’y avait plus qu’un seul guitariste, ou deux, au lieu de trois. La guitare pouvait se permettre de faire des contrechants. Ou un accompagnement plus lisse. Au début, on voit que c’est eux, les guitaristes, qui tiennent le truc, ils ne lâchent pas.

Accompagner avec les basses

La grande science de l’accompagnement, c’est les basses. C’est ce que j’ai voulu développer dans ma méthode. C’est vraiment un truc à choper quand tu es guitariste accompagnateur : le jeu de basse dans le bas du manche avec les cordes à vide. D’un point de vue musical, c’est important, ça tient le truc ; et puis en terme de plaisir, c’est super ! Tu t’éclates à faire ça !

Au début il faut écrire ses phrases, avoir son idée bien précise en tête et sous les doigts. Et quand tu éprouves une liberté par rapport à ça, tu peux te laisser aller. Mais faut pas déconner parce que ça reste de la musique écrite. Et quand un accompagnateur fout le bordel derrière, ça perturbe le soliste. C’est dur de jouer des valses, niveau concentration. Donc il faut vraiment arranger le soliste et préparer ses lignes de basse.

Ce travail de basses, je ne l’ai pas développé dans les bals, parce que ce n’est pas ce travail-là qu’on y fait. Je l’ai développé chez moi parce que ça m’éclatait.

Pour ce qui concerne le côté écrit, il faut bien réfléchir le truc, parce que des fois, ça frotte avec la mélodie. C’est presqu’un travail d’arrangement. Il faut bien essayé à la maison si tes basses ne frottent pas avec la mélodie. Si elles frottent, est-ce que ça marche… Il vaut mieux prendre ça dès le début comme un vrai challenge.

Comment as-tu acquis ce savoir?

En écoutant Gus Viseur, en 1936-37, Joseph Reinhardt, les frères Ferret : Sarrane, Baro et Matelo. Joseph faisait des basses très intéressantes. J’ai beaucoup écouté ça. Il y a Tchavolo qui m’avait marqué à une époque : il accompagnait comme ça, avec beaucoup de basses. En fait, c’est les vieux qui accompagnaient comme ça. Tous les vieux qui ont fait le métier.

Quelle serait, pour toi, la rythmique idéale ?

Il y a toujours une hiérarchie dans la rythmique. Pour moi, la rythmique idéale serait : une basse, une guitare qui fait tous les temps, ou marque vraiment la cadence ; une guitare au dessus qui accompagnerait en basses ; et une guitare soliste.

Mais là, dans le cadre de mon trio, c’est une peu la même chose, sans la guitare qui aurait fait les basses.

La guitare qui fait tous les temps pourrait aussi être remplacée par une batterie. C’est ce qu’on retrouve dans l’orchestration pour mon nouveau disque : basse, batterie, et probablement orgue Hammond en guise d’instrument harmonique. Cela demande de faire des adaptations.

Au sujet des ornements

Ca ne marche pas si c’est le guitariste qui joue les thèmes : c’est la même tessiture, les guitares se mélangent. C’est inopportun.

Comment aborder le style de la valse ?

Il ne faut pas en faire trop ; savoir où tu vas, où va le thème. Et il faut être incisif : il y a une dynamique dans la valse qu’il ne faut jamais perdre. C’est toujours à flux tendu. Il ne faut jamais être en dessous de cette dynamique. Donc, quand tu fais ta phrase, il faut savoir où tu vas. Il faut que ça ponctue aussi, et que ce soit dans l’esthétique du thème : ne pas mettre des accords septième et neuvième partout si le thème ne s’y prête pas. Il y a des trucs qui ne sonnent pas. Ou alors, il y a des trucs qui sonnent, mais si tu en fais quelque chose de systématique, ça ne sonne plus. Un accord demi-diminué peut sonner avant un cinquième degré, mais si tu le mets à chaque fois, c’est pas super. Il faut doser, chercher. Des fois, c’est les renversements ; il y a un travail à faire.

A découvrir

C’est Frédéric Sylvestre qui a fait un super disque sur les valses : lui il fait des contrepoints. C’est écrit à la manière de Bach. Il y a des morceaux à quatre voix.

De mon côté, je ne te cache pas que je demande à mes accompagnateurs de faire simple. Après il y a un travail de fonds à faire, mais tu peux pas l’improviser.

Cliquez ici pour accéder à la 3ème partie de l’interview

Pour tout savoir sur l’actualité de Christophe Astolfi (concerts, masterclass, cours particuliers…):

volume 3 des astuces de la guitare manouche aux editions coup de pouce

www.christopheastolfi.com

https://www.facebook.com/christophe.astolfi

christopheastolfi@yahoo.fr

Une interview de Christophe par Max Robin

A propos de Frédéric Sylvestre:

http://www.jazzhot.net/PBEvents.asp?ItmID=28320

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