Interview Christophe Astolfi – Partie 3: le musette aujourd’hui
Interview Christophe Astolfi – Partie 3: le musette aujourd’hui
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Un état des lieux du musette aujourd’hui

Troisième et avant-dernier volet de notre interview avec le guitariste Christophe Astolfi, spécialiste de la valse: quelle place occupe encore le musette aujourd’hui? Chez les musiciens, les mélomanes, les jeunes, en France comme à l’étranger…

Le musette chez les jeunes aujourd’hui

Oui, c’est quelque chose qui se perd parce qu’il y a eu les écoles de musique ; elles ont lissé l’harmonie. Faire des II V I sur des valses, ça ne marche pas. Ca peut marcher mais ça se prépare. Des II V I sur Flambée Montalbanaise, ça ne marche pas. Ou avec des 7ème ou des 9ème, ça ne marche pas, pas tout le temps.

Ca se perd, pas seulement à cause des écoles, mais aussi à cause du manque d’intérêt parmi les jeunes. Ils veulent être dans le coup, ce qui est normal, donc ils prennent le plus facile, et ce qui leur tombe sous la main. Parce que c’est dur à jouer les valses. Techniquement. Et c’est périlleux à les trouver vu que personne n’en fait : si toi tu veux en faire, ça demande un engagement : il faut que toi, tu fasses tes basses. C’est pas comme jouer les accords que tu as vus partout…

Ca se perd mais, bon, c’est un truc qui fascine donc les jeunes ont envie de le faire quand ils voient ça. Ca peut revenir très vite en fait.

Le style musette vraiment traditionnel, je ne l’ai jamais joué en fait. Car ceux avec qui je les jouais, ce sont des gens qui ont grandi avec mes références des années 60-70-80. A cette époque-là, on ne jouait plus le style musette : on jouait du balloche. Je ne suis pas un représentant du style musette à proprement dit, parce que même quand je joue les valses, ça sonne traditionnel mais pour un mec qui connaît vraiment le truc, c’est pas traditionnel.

Le musette pour le Bobo

Il y a des jeunes qui me contactent, qui viennent me voir. Mais souvent, c’est des jeunes de 20 ans. Ceux de 30-40, ils sont plutôt branchés dans les trucs de maintenant. Les jeunes, ils sont à fond dedans, un peu allumés, c’est assez chouette.

Par contre, ce que je cautionne moins, c’est ce côté musette pour les bobos. Maintenant, on est dans l’époque du bobo redécouvre tous les vieux métiers etc… mais moi, c’est pas mon truc : le musette, j’en ai fait avec les populos parce que je viens de ce milieu-là, et j’en ai fait pour gagner ma vie. C’est pas un truc que j’ai découvert sur le tard et qui me fait rêver. C’est un truc qui a fait partie de ma vie en fait. Donc quand ils viennent, enthousiastes, j’essaie de pas les pousser dans le truc folklo, à mettre des casquettes, à l’ancienne. Pour moi c’est ridicule, ça n’a pas de sens. Quand t’as 20 ans ça peut en avoir mais pas plus tard.

Le musette à l’étranger

Il y a des gens, surtout en Amérique qui s’intéressent à ça : je vais aller présenter mon bouquin dans un festival qui s’appelle Django in June, dans la région de Boston cette année, et les mecs, ils sont fous de ça ! Les mecs qui sont intelligents qui aiment Django, ils vont voir avant. Comme moi quand j’étais jeune, j’écoutais beaucoup de guitaristes de blues : j’écoutais SRV, j’adorais Hendrix… Et en fait, j’ai eu le réflexe d’aller voir avant. Et à la fin j’écoutais Robert Johnson. Ceux qui aiment Django là-bas, ils font le même travail : ils vont voir avant et ils atterrissent chez les frères Péguri, Murena…

A la base, c’est typiquement parisien. Parce qu’à la base, le musette, c’est l’association des Auvergnats, des Italiens, des Américains, qui ont apporté le jazz après la guerre, et des Gitans. Il y a ces quatre vecteurs et ces vecteurs-là, ils se sont rencontrés à Paris. Donc, je pense que le cadre a été important dans la création de ce truc –là. Après, ça s’est étendu à la France, donc c’est français, oui.

Je joue souvent au Clairon des Chasseurs, place du Tertre. C’est un lieu où il y a des guitaristes depuis les années 60. C’est Maurice Ferret et Joseph Pouville qui avaient monté le truc. On y voit beaucoup de touristes et ils demandent deux choses : La Vie en Rose et des valses. Ils ne savent pas lesquelles mais ils veulent des valses.

Le musette et la danse aujourd’hui

Le seul truc que je fais de « traditionnel », c’est au Clairon des Chasseurs. Selon la clientèle, on peut jouer du répertoire internationale : des boléros, des valses… mais en improvisant dedans, donc c’est toujours un peu jazz. Là, c’est vraiment pour le public. Mais jouer pour la danse, non. Déjà parce que ça n’existe plus vraiment. Même en Lorraine, les bals, ça n’existe plus vraiment : c’est un accordéoniste avec une boîte à rythmes. Et les anciens, y’en a de moins en moins. Quant au budget, on sait bien que pour la musique, y’en a plus… A Paris, ce qu’il y a beaucoup, c’est le Lindy Hopp qui s’est développé. Sur du swing… Donc, non, je ne joue jamais pour la danse. Je le ferais si c’était nécessaire mais bon…

Dès que j’ai commencé à jouer de la valse, en tant que soliste quand je faisais encore les bals, j’ai tout de suite pressenti qu’il y avait quelque chose à faire, un truc à part : la sortir du cadre du musette et faire un pont avec le jazz sans que ce soit inaudible ? La valse, pour moi, c’est plus du musette comme moi je le joue. En ce qui me concerne, la filiation serait plus Gus Viseur, Baro Ferret… Le musette pour le musette, je l’ai fait quand j’étais plus jeune, sans trop savoir ce que c’était, mais c’est du passé. Ca fait partie de moi mais je ne veux pas alimenter ça dans ma carrière. Je vais donner un stage aux Etats-Unis, les mecs veulent ça, ça me fait plaisir parce que je sais le faire, c’est une chouette démarche de leur part. Mais le prochain disque que je vais faire, je pense que ce sera des valses mais ce ne sera pas joué traditionnel.

cliquez ici pour accéder à la 4ème partie de l’interview

Pour tout savoir sur l’actualité de Christophe Astolfi (concerts, masterclass, cours particuliers…):

volume 3 des astuces de la guitare manouche aux editions coup de pouce

www.christopheastolfi.com

https://www.facebook.com/christophe.astolfi

christopheastolfi@yahoo.fr

Festival Django in June:

http://djangoinjune.com/

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