Interview Christophe Astolfi – partie 4 : Les enjeux du musette
Interview Christophe Astolfi – partie 4 : Les enjeux du musette
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Jouer musette : enjeux et engagement

Dernier volet de notre saga Astolfi dans lequel Christophe nous parle d’engagement, de travail à fournir, et envisage l’avenir du style avec sincérité et modestie.

Un engagement

Technique

C’est passionnant. Je pense qu’il faut le faire évoluer ce style. Pas faire des fusions copier / coller comme on aurait tendance à le faire. Parce que, fondamentalement, les valses, ce sont des morceaux qui pourraient être tirés du contexte. Ca pourrait être autre chose. C’est tellement bien écrit, tellement puissant au niveau mélodique, qu’on peut envisager d’autres interprétations, sans trop s’éloigner de la source. Je pense qu’il faut que ça évolue. Partir sur la base stable de la tradition. Je pense qu’une des raisons pour lesquelles peu de gens jouent des valses, c’est que c’est très dur à jouer. C’est de la musique écrite, donc la discipline à avoir n’est pas la même. Quand tu veux faire de l’improvisation, franchement, pas n’importe qui mais beaucoup de gens peuvent improviser. Tu prends des cours de guitare pendant six mois, et selon ce que tu te racontes à toi-même, tu peux faire ce que tu veux. Mais les valses, si tu joues pas le texte, tu joues pas. Et une fois que tu as appris ton texte, que tu as trouvé les doigtés… j’ai mis des années à trouver les doigtés. Et il y en a même que je retravaille maintenant. Tu vois, tu parlais de la Valse Fantôme, je ne peux plus la jouer maintenant ; parce que j’ai changé mes doigtés… Et une fois que tu as le texte dans ta tête et sous les doigts, il faut le garder ; parce que tu l’as bossé six mois tu vas l’avoir, et puis tu la joues pas pendant un mois, quand tu veux la rejouer, tu ne l’as plus.

Interprétation

Et ça c’est que la technique. Parce qu’après, interpréter les valses, c’est pas comme de la musique classique, ce serait un blasphème de dire ça mais il y a un truc qui est de l’ordre de l’interprétation qui pousse à une autre démarche. Par rapport à l’improvisation, si tu as des bons doigts, tu as eu un bon professeur, tu peux balancer des croches tout le temps, ça va. Tu ne racontes pas grand-chose mais ça marche. Les valses, si tu les joues plan-plan, c’est chiant.

Un vrai travail

Donc, je pense que s’il y a moins d’engouement pour les valses, c’est que c’est vraiment dur à jouer, si tu veux vraiment un répertoire de valses, c’est-à-dire faire un concert avec des valses et en connaître au moins une vingtaine, il y a un boulot à fournir : il ne faut pas que ce soit les mêmes, pas les mêmes tempi… c’est un vrai travail.

Pour mon disque, j’ai bossé deux ans dessus : j’ai fait que ça pendant deux ans, en plus des concerts. Donc je pense que c’est une des raisons.

Et aussi, ça n’est pas écrit pour les guitaristes. Ca marche mais c’est pas fait pour. Ca demande un gros gros gros boulot.

L’avenir du musette

Oui, il y a toujours un truc à faire.

Il y a quelqu’un pour qui j’ai beaucoup d’admiration, dont la démarche est exemplaire : c’est Astor Piazzolla, qui, à partir du tango, qui était un truc assez figé et traditionnel, comme le musette, a fait quelque chose de complètement différent. Je pense que Baro Ferret, s’il s’était attelé vraiment au métier de musicien, aurait pu être la comparaison de Piazzola en France. Il a pris la même direction. C’est ça qui m’intéresse. Je n’en ai pas la prétention parce que je ne pense pas être un vrai compositeur, mais cette voie-là m’intéresse.

Et donc, je pense qu’il y a un avenir, mais il y a un avenir pour les artistes, par pour les musiciens qui veulent jouer ça. Les musiciens qui veulent jouer ça doivent le jouer si ça leur fait plaisir, parce que ça fait plaisir aux gens. Mais l’avenir de ce style-là viendra de véritables artistes. C’est-à-dire des gens qui auront la capacité, le courage d’aller prendre ce qui a été fait et d’en faire autre chose.

Le mot de la fin

Il n’y a pas de limites de toutes façons ; il n’y a que les limites que l’on se met à soi-même. C’est pour ça que je suis allergique à la notion de style. Car la notion de style fige déjà les choses ; elle casse la créativité à la base.

Pour tout savoir sur l’actualité de Christophe Astolfi (concerts, masterclass, cours particuliers…):

www.christopheastolfi.com

https://www.facebook.com/christophe.astolfi

volume 3 des astuces de la guitare manouche aux editions coup de pouce

christopheastolfi@yahoo.fr

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